L’Association interaméricaine de la presse (AIP) a renouvelé, mercredi, son appel à la justice à l’occasion du deuxième anniversaire de l’assassinat des journalistes Frantzsen Charles et Tayson Lartigue, survenu à Port-au-Prince en 2022 et appelle à maintenir vivante la mémoire de ces derniers dans le cadre de leur campagne “Voices Calling for Justice”.
« Le 11 septembre 2022, Frantzsen Charles, Tayson Lartigue et cinq autres journalistes couvraient des affrontements entre bandes rivales dans le quartier de Cité Soleil à Port-au-Prince lorsqu’ils ont été attaqués par des hommes armés. Selon les rapports journalistiques, Charles et Lartigue sont tombés dans une embuscade, ont été abattus et leurs corps brûlés. Ils travaillaient sur un reportage concernant l’insécurité dans ce quartier, l’un des plus dangereux de la capitale haïtienne », a rappelé l’AIP dans un communiqué publié le mercredi 11 septembre 2024.
Frantzsen Charles, 28 ans, travaillait pour le portail FS News. Tayson Lartigue, 30 ans, dirigeait Tijèn Jounalis, une plateforme diffusant des informations locales sur les réseaux sociaux.
Carlos Jornet, président de la commission de la liberté de la presse et de l’information de l’AIP, a réagi en déclarant : « S’il est connu que les journalistes en Haïti travaillent dans un environnement extrêmement difficile, marqué par la violence et un haut degré d’impunité, ce n’est pas une excuse pour ne pas persévérer dans la demande de justice pour les assassinats de nos collègues. »
Il a également souligné que « la mémoire de ces deux journalistes assassinés, dont les cas n’ont pas été élucidés, est un appel urgent aux autorités haïtiennes pour qu’elles assurent la sécurité des journalistes, qui exercent leur métier sans garanties minimales de sécurité, sans les ressources nécessaires et sans une protection adéquate. »
Le journalisme en Haïti fait face à la violence des gangs, aux agressions et aux défis économiques. En 2022, neuf journalistes ont été tués, dont Charles et Lartigue, ainsi que Garry Tesse, Francklin Tamar, Fritz Dorilas, Romelson Vilcin, Maxihen Lazarre, Wilguens Louissaint et Amady John Wesley.
En 2023, trois autres journalistes, Paul Jean Marie, Ricot Jean et Dumesky Kersaint, ont été assassinés, tandis que les enlèvements et les menaces visant la presse se poursuivent, selon un rapport de l’AIP.
En mai dernier, le Bureau du rapporteur spécial pour la liberté d’expression de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a exprimé sa « préoccupation face à la gravité de la situation des journalistes en Haïti, un pays qui fait actuellement face aux plus grands défis en matière de liberté de la presse dans l’hémisphère », qualifiant Haïti comme l’un des plus dangereux pour la liberté de la presse.
Le CIDH a appelé le Conseil présidentiel de transition, en place depuis le 25 avril, à rétablir l’ordre démocratique et à mettre fin à la violence, tout en adoptant des mesures pour assurer la sécurité et la protection des journalistes haïtiens, afin qu’ils puissent exercer leur métier sans crainte.