Dans tout le Venezuela, des militants antigouvernementaux renversent des statues géantes d’Hugo Chávez pour exprimer leur colère face au vol présumé d’une élection par le successeur trié sur le volet du défunt président, Nicolás Maduro.
Dans la ville balnéaire de La Guaira, à l’extérieur de la capitale Caracas, des barres d’armature tordues et des morceaux de béton gisent sous un piédestal où un groupe de manifestants a arraché lundi soir un portrait de Chávez qui avait été inauguré par Maduro en 2017.
Une vidéo fournie à l’Associated Press par un manifestant montre le moment où la statue de 3,5 mètres (12 pieds) du leader connu sous le nom d’El Comandante a été arrachée aux cris rauques de « ce gouvernement va tomber ». Une fois enlevée, la statue a été traînée par des motos sur la place, aspergée d’essence et incendiée, selon le manifestant.
« C’est un symbole puissant pour eux », a déclaré la manifestante, qui a demandé à ne pas être identifiée de peur d’être arrêtée. « Chaque fois que nous nous attaquons à l’un de leurs symboles, nous leur enlevons une partie de leur force.
Ce n’est pas la première fois que des monuments honorant le créateur de la soi-disant révolution bolivarienne sont attaqués par des foules en colère. Le même phénomène s’est produit lors des vagues d’agitation antigouvernementale en 2017 et 2019.
Mais la nature simultanée et le nombre élevé d’attaques – cinq au cours des dernières 24 heures – soulignent la profondeur de la colère que ressentent de nombreux Vénézuéliens après que le Conseil national électoral a déclaré Maduro vainqueur de l’élection présidentielle de dimanche. L’opposition affirme que son candidat, Edmundo Gonzalez, a plus que doublé le nombre de voix du président sortant.
Un officier du renseignement militaire en civil a arrêté des journalistes qui tentaient de prendre des photos de ce qui reste de la statue détruite à La Guaira. L’officier, qui ne s’est pas identifié, a déclaré que le pays était « en guerre » et que toute tentative de manquer de respect à M. Chávez était offensante pour les millions de Vénézuéliens qui vénéraient l’ancien parachutiste de l’armée et l’icône de la lutte contre l’impérialisme.
M. Maduro a déclaré que plusieurs personnes avaient été arrêtées à la suite de ces attaques, qu’il a comparées aux images des révolutions poussées par les États-Unis dans les États post-soviétiques, notamment en Ukraine et en Géorgie.
« Qu’est-ce que ces gens ont dans la tête ? Dans le cœur ? » a demandé M. Maduro lors d’une allocution télévisée lundi soir, au cours de laquelle il a diffusé des images de certaines des attaques. « Imaginez un peu ce qu’ils seraient capables de faire s’ils arrivaient un jour à prendre le pouvoir ici.
Par JOSHUA GOODMAN Associated Press
